Oser une immigration raisonnable et assumée
Claude Béglé, candidat PDC au National et aux Etats, donne sa vision des problèmes migratoires.
L’Histoire l’a prouvé: une immigration raisonnable est source de richesse pour la Suisse. Elle représente le complément nécessaire au développement économique. Elle a aussi permis de limiter le déficit démographique et aidé au financement de nos institutions sociales. Le plus remarquable a été la capacité de notre pays à assimiler ces étrangers. Il est champion d’Europe en la matière. Un bon tiers de la population résidant en Suisse est soit étranger, soit issu de l’immigration. Davantage sur l’arc lémanique. La recette miracle? Un constant effort d’intégration réciproque entre résidants d’origine et immigrants.
Il convient de ne pas mélanger la libre circulation des personnes (à savoir la possibilité pour des Européens de venir travailler en Suisse et vice versa) et l’asile, concernant surtout des ressortissants d’autres régions du monde. Dans le premier cas, il s’agit d’un des principes fondamentaux du projet de construction européenne; directement lié aux accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union européenne. Ils sont essentiels à la prospérité du pays, avec un volume d’échanges d’environ un milliard de francs par jour. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre le risque de les résilier.
Par chance, l’Europe, elle non plus, n’y trouverait pas grand intérêt. Fixons donc dans un article constitutionnel la nécessité de rapports de bon voisinage et la voie bilatérale comme instrument pour y parvenir. Ayons le courage de tenter une négociation globale incluant les Bilatérales I II et III. À quoi on ajoutera, en interne, des mesures pour lutter contre le dumping salarial et un effort accru de formation pour nos concitoyens.
Il convient de ne pas mélanger la libre circulation des personnes et l’asile
L’asile répond à une autre logique. Accueillir des réfugiés ayant tout perdu et en danger de mort est un réel devoir moral. La Suisse se doit d’honorer sa tradition humanitaire. Les mouvements migratoires actuels, avec 51 millions de personnes déplacées dans le monde, ont de quoi inquiéter, notamment la crise que le Proche-Orient et la Corne de l’Afrique traversent. On peut craindre un afflux excessif de réfugiés, qui plus est de la part de personnes dont les repères culturels sont assez différents des nôtres.
Alors que faire? Trois choses. Les accueillir, d’abord, sans les diaboliser, et leur offrir un toit, de la nourriture et des soins médicaux d’urgence. Pendant ce temps, procéder à un premier filtre afin de détecter d’éventuels agitateurs où terroristes. Après un premier examen, leur accorder un permis provisoire avec possibilité d’apprendre notre langue et de faire des stages (sans prestations sociales) afin d’éviter l’oisiveté. Enfin, en cas d’acceptation – en quatre ou cinq mois au plus – intégration complète, y compris en recourant à l’aide de «parrains» bénévoles, à savoir des Suisses de bonne volonté leur expliquant nos us et coutumes, leur ouvrant une partie de leur réseau et les aidant à trouver le chemin de l’intégration.
Claude Béglé, Conseiller national
Paru dans 24 Heures, le 8 Octobre 2015